La résilience

« Tu as le droit de te tromper, de faire des erreurs et d’échouer, à condition d’en tirer les enseignements et de les partager pour que nous puissions en bénéficier »

Si 93% des Français estiment qu’on apprend toujours de ses échecs, 75% considèrent qu’on dévalorise trop souvent les personnes qui échouent, selon un sondage Ipsos.

L’une des principales raisons pour lesquelles nous avons un mauvais rapport à l’échec est culturelle. En effet, notre société est principalement fondée sur des normes sociales qui valorisent ceux qui réussissent et montrent du doigt ceux qui échouent ou commettent des erreurs. Mais il ne semble pas que ce soit propre à la France car une étude américaine a mis en avant qu’entre 0 et 17 un individu entend 150.000 fois un feedback négatif (Ce n’est pas bien, tu n’as pas le droit de…) contre 5.000 feedbacks positifs (c’est bien, ce n’est pas grave…).

Notre mauvais rapport à l’échec provient également d’injonctions sociales telles que « Sois fort », « Sois parfait » ou encore « Sois le meilleur ». Rien d’étonnant que dans ces conditions nous vivions mal les échecs alors qu’à bien y réfléchir la vie est une succession d’échecs. Par exemple, contrairement à de nombreuses espèces, un être humain tombe environ 2.000 fois avant de savoir marcher.

L’autre particularité française est que nous admirons ceux qui réussissent, surtout lorsqu’ils ont préalablement échoué. Nous avons un profond respect pour les personnes qui ont su rebondir après un échec mais nous ne croyons pas possible d’en être capable.

Cette aptitude, désignée sous le terme de résilience par le neurologue et psychiatre Boris Cyrulnik, est devenue indispensable pour que les individus et les organisations puissent continuer de se développer dans un monde en perpétuelle mutation, marqué par l’incertitude et les paradoxes.

Selon cet auteur, la résilience d’une personne repose sur 4 principes majeurs :

  • L’un est lié à la personnalité (confiance en soi, dissociation émotionnelle / relativisme, adaptation / souplesse et persévérance : quand faut-il renoncer, ajuster ou persévérer en l’état)
  • Les trois autres sont liés à l’environnement de la personne : un entourage affectif et bienveillant, où l’on peut partager librement ses ressentis et son vécu, qui soit compréhensif et soutenant.

On comprend mieux l’importance de créer un environnement humaniste en entreprise.

Selon le philosophe Charles Pepin, l’échec présente de nombreuses vertus. Il est en soi une source d’apprentissage et d’évolution (Rafael Nadal explique qu’il doit son succès à sa capacité à apprendre de ses nombreux échecs) mais aussi de réorientation (Serge Gainsbourg ne nous aurait jamais proposé ses chansons s’il avait réussi dans la carrière de peintre).

Trois étapes sont, de son point de vuen nécessaires pour faire de l’échec une force :

  1. Reconnaitre l’échec ;
  2. Dissocier l’échec de la personne qui en est à l’origine ;
  3. Comprendre le message positif de changement de l’échec.

Par conséquent, pour devenir résilientes, les entreprises doivent s’émanciper de certains principes fondateurs du management traditionnel, tels que la « qualité totale » ou « l’excellence » afin d’ancrer la culture de l’expérimentation (Test & Learn) et instaurer des pratiques telles que les retours d’expérience tirer parti des échecs.

Ce principe a pour but de considérer l’échec et l’erreur non pas comme une faute (car ils sont rarement intentionnels) mais comme une source d’apprentissage et de progrès.