L’épanouissement

« Nous ne sommes pas les seuls responsables de ton bonheur bien que nous y accordions de l’importance. Si tu es démotivé ou que tu ne te sens pas bien, dis-le-nous pour que nous puissions, ensemble, rechercher des solutions »
 

Selon un sondage réalisé en 2021, 82% des salariés estiment que leur entreprise est la principale responsable de leur bonheur. Que faut-il en penser ?

Avant de répondre à cette question, il est essentiel de bien différencier les notions de bonheur, de motivation, de plaisir et de satisfaction.

La motivation est ce qui provoque l’envie, le désir. Elle intervient donc avant de travailler.
Le plaisir est un ressenti que l’on éprouve pendant que l’on travaille.
La satisfaction est un sentiment de contentement qui intervient après avoir travaillé.
Ces trois ressentis constituent la sensation de bonheur et/ou de bien-être au travail.

Commençons par la motivation. Selon Abraham Maslow, l’être humain cherche à satisfaire des besoins différents selon un ordre précis. Élaborée en 1943, cette pyramide peut sérieusement être remise en question, notamment en ce qui concerne l’ordre proposé. En effet, l’importance de prendre soin de soi et d’être heureux a positionné au premier plan le besoin d’accomplissement (après le besoin physiologique, bien évidemment) alors que l’auteur l’avait mis au sommet de sa pyramide à une époque où le collectif primait sur l’individu.

Cependant, ce qui a toujours du sens est la théorie des facteurs de motivation de Frederick Herzberg. L’auteur dissocie deux types de facteurs : les facteurs extrinsèques (Conditions de travail, rémunération, modes de management…) et les facteurs intrinsèques (autonomie, responsabilité, intérêt du travail…). Selon ses travaux, la motivation est déclenchée par les facteurs intrinsèques et non extrinsèques qui, en revanche, s’ils ne sont pas satisfaits, peuvent être source de démotivation.

Du latin motivare, qui signifie « justifier par des motifs », motiver nécessite de la part du manager qu’il donne envie au collaborateur de faire ce que l’entreprise attend de lui. Non seulement cet acte maintien la relation « Parent/Enfant » mais il devient de plus en plus difficile dans un monde qui prône le libre arbitre.

Ce constat est partagé par les psychologues Deci & Ryan, qui vont jusqu’à affirmer qu’il ne sert à rien de motiver une personne car les êtres humains sont par nature automotivés. En d’autres termes, on ne motive pas une personne qui ne veut pas être motivée.

Il est également important de différencier les notions de bonheur et de plaisir. Le bonheur est provoqué par la sérotonine, hormone responsable du sentiment de bien-être, alors que le plaisir résulte de la production de dopamine. Les facteurs qui déclenchent le bonheur sont principalement extrinsèques, alors que ceux qui sont à l’origine du plaisir sont majoritairement intrinsèques.

Cela fait des années que les entreprises entreprennent des actions d’amélioration des conditions de vie au travail (facteurs extrinsèques). Cela expliquerait qu’environ 80% des Français déclarent être heureux au travail. Il reste cependant une marge de progrès très importante concernant le plaisir au travail puisqu’il ne concernerait que 20% des salariés.

De nombreuses études démontrent que la sensation de plaisir est avant tout provoquée par l’emploi occupé, et plus particulièrement le contenu et les modalités de traitement des activités (facteurs intrinsèques). Le besoin d’autonomie, de responsabilité, d’intérêt pour l’activité étant variable selon les personnes, l’amélioration du plaisir au travail nécessite d’ajouter à la gestion des compétences (savoir-faire) le management par les appétences (aimer-faire).

Ce principe a pour but d’affirmer que l’épanouissement professionnel est avant tout une coresponsabilité et qu’il repose sur un échange ouvert et sincère entre entreprises et salariés.