Beaucoup d’entreprises qui s’engagement dans un projet d’innovation managériale peinent à faire évoluer les comportements de certains managers et collaborateurs. Pour quelles raisons ? Comment faire pour amener les salariés à en changer ?
Les différentes théories de « l’influence sociale » permettent de mieux comprendre l’origine des comportements des individus en société.
Si la vocation d’une entreprise est de produire de la richesse en veillant, depuis peu, à prendre soin de son écosystème, elle est avant tout un système où cohabitent des individus et c’est à ce titre que la connaissance des théories de « l’influence sociale » peut s’avérer précieuse.
Les phénomènes d’influence sont au coeur de toutes les relations d’un individu à l’autre et de l’individu au groupe dont il fait partie (une équipe, une direction, une entreprise). La manière dont vont agir et se comporter les salariés dépendra du « cadre collaboratif » explicite et implicite, parfois les deux.
Nous vous proposons de découvrir les différentes théories de « l’influence sociale » afin de mieux comprendre l’origine des comportements des salariés et de clarifier ce qu’il convient de changer pour faciliter l’appropriation de nouvelles postures et attitudes « coresponsables ».
Sommaire
- LA NORMALISATION :
- l’effet auto-cinétique
- les concessions réciproques
- LE CONFORMISME :
- L’influence normative et informationnelle
- L’OBEISSANCE :
- L’état agentique
- L’INFLUENCE MINORITAIRE :
- Le modèle génétique
- Le paradigme « bleu-vert »
La normalisation
Les relations humaines sont fondées sur des normes collectives , c’est-à-dire des règles formelles ou informelles qui encadrent nos comportements et nos jugements.
Les normes sociales vont permettre aux individus de savoir comment se comporter, de quelle manière juger, ce qui est désirable et ce qui ne l’est pas, ce qui est permis et sanctionné, et vont permettre une uniformisation des attitudes au sein d’un groupe (famille, entreprise, région, pays…).
La normalisation est l’ensemble des processus par lesquels des normes émergent, se diffusent et s’implantent, par influence entre individus.
Les normes peuvent être issues de l’histoire, édictées par une autorité « supérieure » au groupe (état, religion, direction d’une entreprise) ou par les membres du groupe eux-mêmes.
L’effet auto-cinétique
Dès 1935, Muzafer Sherif, avance l’idée que c’est l’ambiguïté d’une situation qui va donner naissance à une norme sociale. D’après ses travaux, lorsqu’aucune norme ne prévoit de gérer une situation qui concerne plusieurs individus, ces derniers ressentent le besoin d’en créer une pour savoir comment réagir.
Ce processus comporte 3 étapes :
- Chaque individu va proposer une norme
- Les propositions vont être partagées en groupe
- Si les propositions individuelles sont différentes, les individus vont les partager puis, progressivement, les modifier afin d’arriver à une norme commune qui soit acceptable par le groupe. Soit la norme collective adoptée résulte de l’influence d’un individu sur le groupe, soit elles est le fruit d’un compromis, soit d’un consensus (ce qui est relativement rare).
Un système de concessions réciproques
Floyd Henry Allport a remarqué plusieurs phénomènes dans la 3ème étape :
- Lors du processus de sélection de la norme, les individus ont tendance à produire des jugements plus modérés qu’en situation individuelle afin, selon lui, d’éviter d’être trop en désaccord.
- En situation de groupe, les individus s’abstiennent de formuler des propositions extrêmes (qu’ils auraient formulé en situation individuelle) pour éviter les tensions et les risques de conflit.
- L’appropriation d’une norme collective par les individus résulte d’un processus de concessions réciproques exprimées en groupe.