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Quand l’entreprise récompense les échecs – Sony Music France

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Comment faire preuve d’audace sans accepter l’échec ? Est-il encore raisonnable de penser qu’il est possible de réussir sans ne jamais échouer ? Si 94% des français estiment que l’on apprend toujours de ses échecs, 83% constatent que les personnes qui vivent un échec sont trop souvent dévalorisées[1]. On comprend mieux les raisons pour lesquelles certaines personnes préfèrent ne pas prendre de risque et se limiter à ce qui leur est demandé.

S’il existe encore quelques secteurs d’activités où l’audace n’est pas de mise, ce n’est pas le cas de l’industrie musicale. Comme l’explique Claude Monnier, Directeur des Ressources Humaines de Sony Music Entertainment France, sur 500 disques produits en moyenne par an, 450 seront des échecs commerciaux, environ 40 disques couteront autant qu’ils rapportent et seulement 10 disques seront économiquement très rentables. Environ 2% des artistes mondiaux ont capté 80% des revenus de l’industrie musicale. Difficile de prévoir qui ils seront.

En d’autres termes, les équipes qui accompagnent les artistes consacrent la majorité de leur temps à vivre des échecs. Aussi, pour soutenir l’audace et inciter tous les acteurs à prendre des risques, cette entreprise a décidé d’encourager les échecs et les valoriser financièrement.

Présentation :

La valorisation de l’échec repose sur deux démarches :

  • L’autorisation : Afin d’encourager les équipes à prendre des risques, managers et collaborateurs se fixent des objectifs d’échec qui doivent être suffisamment ambitieux et audacieux pour générer de nouvelles valeurs pour l’entreprise.
  • La reconnaissance financière : Une partie du bonus repose sur la manière dont les collaborateurs se sont appropriés et ont valorisé les échecs. La décision de l’attribution de rétribution repose sur plusieurs critères :

1 – L’importance : L’échec doit être suffisamment significatif pour qu’il y ait une réelle prise de conscience des conséquences préjudiciables pour la personne de manière à ce qu’elle s’en approprie les enseignements. C’est pourquoi les petites erreurs du quotidien ne sont pas pris en considération.

2 – La déclaration : L’échec doit être assumé et exprimé. La reconnaissance porte donc sur un nouvel état d’esprit, l’incarnation de nouvelles valeurs telles que la transparence (information de l’échec), l’authenticité (la reconnaissance réelle et sincère de l’échec) et l’humilité (l’acceptation de l’imperfection).

3 – L’analyse : L’échec doit être analysé car le plus important est de comprendre l’origine de ce qui n’a permis d’atteindre le résultat de manière à ce qu’il soit source d’apprentissage et que les enseignements permettent de mettre en œuvre des actions qui éviteront que cela ne se reproduise.

4- le partage : L’échec doit être partagé avec les autres afin que chacun puisse bénéficier des enseignements et que les échanges soient sources d’enrichissement collectif, aussi bien pour l’auteur de l’échec que pour ses collègues.

Les bénéfices :

L’incitation à échouer et la valorisation officielle de l’échec a développé la prise de risque et l’audace mais aussi renforcé la confiance, la bienveillance, l’authenticité et le soutien entre collaborateurs et managers.

L’évocation des échecs par les managers en fait des leaders moins craints, plus accessibles et inspirants pour les équipes.

Le partage de l’expérience vécue entre les membres de l’équipe dynamise l’intelligence collective, renforce l’appartenance, la tolérance entre pairs, la convivialité et insuffle une énergie plus enthousiaste et positive.

Comme l’évoque régulièrement Olivier Lajous, « la force d’une chaine est égale à la résistance de son maillon le plus faible ». Cette nouvelle manière de penser a amené Sony Music Entertainment France à confier des responsabilités importantes pour l’entreprise à des collaborateurs qui viennent de vivre un échec marquant, aussi bien personnel que professionnel. L’expérience semble démontrer que, pour la plupart du temps, les personnes qui ont vécu un échec ont un niveau d’engagement, une énergie et une créativité beaucoup plus forte et que la confiance que leur accorde l’entreprise en les responsabilisant au lieu de les sanctionner, les victimiser ou les isoler renforce l’appartenance et la collaboration.

Pourquoi ça marche ? la résilience

Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, a écrit de nombreux articles et livres sur la résilience, cette capacité qu’ont certaines personnes à reprendre le cours de leur développement après un événement dramatique, à continuer de vivre, à rebondir en dépit de l’adversité.

D’après l’auteur, cette aptitude repose sur 4 facteurs :

  • Le tempérament de la personne, ses représentations, ses modes de pensée, ses motivations. Généralement, les personnes résilientes refusent de rentrer dans un rôle de victime passive, font preuve de positivisme et d’optimisme pour se remettre en selle et continuer le cours de leur existence.
  • Un environnement affectif bienveillant.
  • La possibilité de partager ce qui a été vécu et ses ressentis avec d’autres personnes.
  • Un entourage soutenant.

Les facteurs mis en avant par Cyrulnik permet de mieux comprendre en quoi la bienveillance et le soutien dont fait preuve Sony Music Entertainment France vis-à-vis des collaborateurs qui ont vécu un échec, non seulement leur permet de rebondir plus facilement et de faire d’un événement traumatisant une opportunité de développement personnel et professionnel.

[1]Enquête Ipsos de décembre 2013

 Source : Intervention de Calude Monier, DRH de Sony Music France, lors d’une conférence du 23 février 2017 sur la diversité intergénérationnelle

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